Mémoires de Salon-la-Tour
Mémoires de Salon-la-Tour Monographie Communale 1996 |
LE MOT DU MAIRE Pour vous présenter cet ouvrage, je dirais qu'il est une æuvre collective. En effet, de nombreux habitants de la commune et des personnes intéressées par ce travail se sont investis pour recueillir un maximum d'informations et restituer, par petits groupes, les fruits de leurs recherches ou de leurs observations. Il restait alors à ordonner tous ces travaux. Le résultat : un beau livre d'histoire, attrayant, riche en documents et témoignages, émouvant parce qu'il est, tout simplement, l'histoire de notre commune. Je remercie et félicite toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cette monographie de SALON-LA-TOUR à laquelle je souhaite le succès qu'elle mérite. Le Maire |
Life Stories - THE RESISTANCE IN SALON-LA-TOUR Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et toute la France se trouve sous la botte hitlérienne. Deux jeunes garçons de Salon, qui se sont engagés très jeunes à " Jeunesse et Montagne ", sont vraisemblablement contactés pendant leur incorporation par des Agents anglais qui les chargent de recruter ceux qui vont être les F.F.I.. L'un de ces jeunes hommes a pour nom de guerre " ANASTASIE ", l'autre " MICHEL ", ils sont les piliers de la Résistance de la région. D'autres hommes et femmes courageux qui refusent de s'incliner devant la défaite entrent avec eux dans la périlleuse aventure de la Résistance. Les jeunes hommes appelés au S.T.O. (Service de Travail Obligatoire) refusent pour le plus grand nombre de partir en Allemagne et se trouvent dans l'obligation de se cacher dans les bois, dans des maisons accueillantes, ou d'occuper des emplois prioritaires au moyen de faux papiers. Très rapidement, ces clandestins sont enrôlés dans le réseau " AS DE TREFLE ". Le poste de commandement de l'Armée Secrète se trouve dans notre commune. Y sont reçus, entre-autre, des Agents anglais et américains. Fin 1942/ début 1943 ont lieu les premiers parachutages : les résistants restent à l'écoute de la B.B.C.. Il leur est demandé de recueillir les messages : ils savent que telle phrase diffusée signifie que tel soir aura lieu un parachutage. Radio Londres étant souvent inaudible, quelques postes récepteurs sont confiés aux amis de l'A.S. afin qu'ils puissent capter clairement les messages. Un terrain très loin du bourg et des habitations, situé au milieu d'un forêt est choisi comme lieu de réception. Le premier message diffusé fin novembre 1942 est ainsi conçu : " Les quatre amis sont sous la lampe, ayez confiance en eux ". Le parachutage ne peut avoir lieu ; un groupe de miliciens ayant été signalé a Masseret, il est fort dangereux d'allumer les signaux. L'avion fait plusieurs tours et, ne voyant pas les lumières repart et dépose sa cargaison dans un maquis d'Espartignac. C'est dans la nuit du 19 au 20 mars 1943 qu'a lieu le premier parachutage, suivi de tant d'autres, dans la clairière de Las Aires. Les messages entendus, il faut être prêt à recevoir ce qui va tomber du ciel : containers remplis de grenades, fusils, mitraillettes, matériel de plastiquage. Les parachutes rouges, blancs, bleus, verts, libérés de leur charge, sont alors enterrés. La précieuse cargaison est transportée à dos d'homme jusqu'à un chemin carrossable où charrettes et brouettes achèvent de la véhiculer jusqu'aux granges où elle est cachée dans le foin, la paille, les fagots en attendant d'être distribuée aux maquis A.S. et F.T.P. (Armée Secrète de Francs Tireurs Partisans). Il faut faire très vite afin qu'au petit jour il n'y ait plus trace de ce qui s'est passé. Durant cette période sont hébergés des résistants recherchés par la Gestapo ou des Chargés de Mission qui doivent se déplacer clandestinement. Huit américains, en mission en France, dont les avions ont été abattus sur Cognac par la FLAK (Défense aérienne allemande) trouvent refuge dans des familles sympathisantes. Tout ceci doit être absolument secret car l'ennemi veille, il y a à Salon, pendant cette triste période plusieurs descentes de la Gestapo. Ils arrivent de préférence le soir, en traction noire ; ils sont en principe quatre ; feutre noir sur la tête, ils observent ce qui se passe. Pour nous, c'est la terreur ! Nous craignons les dénonciations car il peut y avoir dans notre commune des gens favorables au gouvernement de Vichy. Les allemands viennent de nombreuses fois à Salon, ils arrivent sans crier gare et nous tremblons ! A chaque fois, il y a des incidents. Un jour du printemps 1944, ils cherchent les Juifs qui fort heureusement s'enfuient rapidement ; cependant deux d'entre eux, agés, sont tués. Certains habitants affolés commettent des erreurs qui auraient pu être fatales. Pour Salon, la période la plus dangereuse a été les 7, 8, 9 et 10 juin 1944. Les allemands de la division " Das Reich " venant de Tulle où ils ont pendu 99 personnes, arrivent le 6 dans la soirée avec tout leur matériel de guerre. Le Maire a dû leur procurer des logements. Le 9, deux chargés de mission venant en moto de la Dordogne pour rencontrer un interlocuteur, non prévenus de la présence des allemands sont arrêtés au premier barrage. Ils tentent de fuir; le plus jeune ou plus agile peut s'échapper, l'autre est capturé et fusillé sur la place de la Mairie. Le 10 juin, sur la route de Meilhards, venant d'un maquis de Haute-Vienne, arrive une traction. Trois passagers à bord : Anastasie, JB et Violette, une jeune anglaise parachutée la veille. Les Allemands qui gardent les entrées du bourg ouvrent le feu ; les clandestins ripostent et s'enfuient. Violette est capturée, déportée en Allemagne et exécutée. Une vieille femme gardant ses vaches est tuée par les balles allemandes. Anastasie qui a essayé de sauver Violette doit l'abandonner et fuir à travers champs. Il est caché sous des fagots. Après avoir été aidé, habillé, soutenu par quelques témoins de cette catastrophe, il peut rapidement reprendre ses activités dans la Résistance. Les S.S. furieux recherchent activement ceux qu'ils appellent les " terroristes ", ils procèdent à de nombreux interrogatoires particulièrement inquiétants. Les soupçonnant d'avoir participé à la Résistance, ils convoquent pour les questionner un vieil homme et sa fille mais, faute de preuves, ils les relâchent. Vers le 14 juillet 1944, un sabotage par explosifs fait dérailler deux trains au pont de Vouspillac. Les voies ferrées complètement obstruées, toute circulation est interrompue. Les allemands furieux vont et viennent autour de la gare. A ce moment-là, Michel, malgré les conseils et recommandations qui lui sont prodigués, en dépit du danger, veut accomplir la mission dont il est chargé. Il part sur sa moto, est arrêté aux environs de Meilhards, torturé et fusillé dans un chemin creux à Sussac. Michel a procédé à la création d'un camp qu'il ne connaîtra pas et qui devra porter son nom. Quant à Anastasie, il part en Angleterre. Faisant partie du War Office, il s'engage pour l'Indochine où il est tué. Les corps de ces deux héros reposent dans le cimetière de Salon la Tour. Il est à souligner que certaines personnes restées dans l'ombre, n'ayant tiré aucune gloire de leur participation à ces moments tragiques, ont risqué leur vie en cachant des armes et en hébergeant des clandestins. La population de Salon la Tour durant des jours particulièrement difficiles se montre digne et discrète... l faut rappeler également que Michel et Anastasie ont distribué les armes fournies par les anglais dans les maquis de Corrèze, Haute-Vienne et Dordogne. Après la guerre, un film relatant la vie de Violette Szabó a été tiré d'un livre illustré de photos, publié par un écrivain anglais. Sur la place de la Marie, une botteleuse destinée à fournier à l'Allemagne de la paille et du foin a été détruite par plastiquage. Sous l'occupation, le ravitaillement était rationné ; nous avions des cartes pour l'alimentation, les vêtements, le tabac, etc. Le couvre-feu était de rigueur à 18 heures. Seuls les vélos et la marche étaient autorisés pour des déplacements. Pour commémorer la mort héroïque de Monsieur Gaston Sarnel, une plaque est apposée sur la façade d'une maison, Place de la Mairie. |
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MEMOIRS OF A REFUGEE - OF THE WAR 1939-1945 C'est l'hiver 1943 qu'en gare de Salon-la-Tour, un train a déposé un grand nombre d'enfants en provenance de la région parisienne (Saint-Denis). Certains ont encore aux oreilles le sifflement des bombes et le tremblement des murs des abris. Parmi ce qui ressemble à un troupeau de moutons apeurés, deux petites sœurs jumelles ne se lâchent jamais la main. Elles connaissent déjà les bruits, les odeurs et les blessures de la guerre. On leur a vaguement et surtout précipitamment dit que c'est pour les protéger qu'elles sont arrivées ici. Dans cette gare, arrivent des hommes, des femmes, qui ont accepté de prendre un enfant à la ferme. Ils sont en majorité cultivateurs. Qui choisir ? Fille ou garçon ? Pour chacun d'eux, ce choix se fera en fonction de leur état d'esprit affectif ou intéressé. Christiane et Claudette devront être séparées, telles sont les conditions mais ces deux mains qu'il aura fallu dessouder, l'arrachement ne fera que les réunir plus tard, plus fort et toujours. Claudette sera dirigée dans une ferme à Confolent. Ce grand homme qui l'a désignée à la gare, l'a mise dans un tombereau tiré par deux bœufs : le Barrou et le Rousset. Christiane fut conduite certainement par les mêmes moyens de locomotion dans une autre ferme à Lagrange, pas très loin de Confolent, afin de pouvoir faire se rencontrer les petites sœurs de temps en temps, le dimanche, ce qui provoquait un déchirement chaque dimanche soir, moment de la séparation. Elles avaient aussi l'école de Las Fleytias, où elles se retrouvaient, mais le trajet se faisait à pied. Il n'était pas possible d'y aller régulièrement. L'hiver, c'était les plus grands qui portaient les petites filles tellement il y avait de neige. Etienne, du moulin, son frère Roger, étaient des grands mais tous étaient dans la même classe, malgré ces différences d'âge. Pour Claudette, ces années de guerre passées ici furent douces. Le Maître de la ferme, le père Henri Tisseron qui l'avait ramenée de la gare fut, sinon un père, au moins un vrai maître, un homme d'une loyauté exemplaire, courageux, digne, qui parlait peu, mais qui tout en restant à sa ferme, a su dans la discrétion la plus totale servir sa Patrie. Un des rares témoins de ses actes de bravoure ne pouvait être que la petite Claudette car ils ne se quitteraient jamais. Aujourd'hui, en 1996, elle est fière d'avoir connu cet Homme d'Honneur. Christiane eut un accident ici, elle fut donc rapatriée, elle passa de longs mois dans une maison de santé. Le temps de la guerre s'acheva et tout ce petit monde éparpillé se retrouva à Saint-Denis. Pour Claudette et le père Tisseron, la séparation fut cruelle encore ! L'enfant ne le revit plus. A Saint-Denis, les jumelles firent connaissance d'une petite sœur qui était née et puis on leur a parlé d'un petit garçon que leur maman avait recueilli, elle aussi de son côté. Il avait trois ans. Il était terrifié tout seul sous un camion militaire, en plein milieu d'un terrain bombardé. La maman l'a ramené à la maison, mais un journal a diffusé des photos d'enfants disparus. Le petit garçon y figurait. La maman est donc allée le rendre à sa famille. Aujourd'hui en 1996, Claudette se trouve de nouveau à Salon-la-Tour, elle a une petite maison au pied a la Tour. Elle retourne souvent sur les petits chemins de son enfance. Elle y cherche quelque chose ou quelqu'un. Les survivants sont peu nombreux et Christiane aussi est partie pour toujours. Certains jours quand les cloches de l'église sonnent, Claudette remonte la petite rue, les cloches annoncent le départ d'un vieux ou d'une vieille qu'elle a connu. Alors, elle reste là, le dos appuyé au mur, regarde le convoi et c'est un témoin de plus de son enfance à qui elle vient de dire au revoir, et c'est les toutes dernières pages d'un livre jauni par le temps qui se referment doucement ... |
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